Les piétons et les cyclistes sont trop souvent les victimes de la circulation. Plus fragiles, davantage exposés, ils paient un lourd tribut à la route. Ils devraient donc faire l’objet d’une protection particulière. Las, les aménagements attendus, susceptibles d’améliorer leur sécurité, se font attendre. Régulièrement, des pétitions ayant trait aux nuisances routières, au sens large, sont déposées au Grand Conseil par des citoyen.e.s qui désirent une meilleure qualité de vie. La population prend les devants quand elle constate le peu d’empressement du gouvernement à s’exécuter. Il faudrait s’en réjouir. Pourtant, tout aussi régulièrement, le parlement refuse de renvoyer ces pétitions au Conseil d’Etat. Et c’est anormal.

La pétition fait partie des droits fondamentaux de la Constitution genevoise (art. 33) et représente souvent le seul moyen pour un.e citoyen.ne d’exprimer une revendication. Pas un jour ne s’écoule sans que les médias ou autres organes nous rappellent les dégâts dus à la pollution atmosphérique ou sonore, établissent des constats alarmants sur les atteintes à la santé qui en découlent, relèvent la dangerosité de la route et les accidents graves, parfois mortels, qui touchent les piétons et les cyclistes. A Genève, ce ne sont pas les automobilistes qui risquent leur vie ![1] Et des moyens simples, peu coûteux existent pour que chacun.e puisse se déplacer sans craindre pour son intégrité physique. Une mesure assez évidente consiste à abaisser la vitesse autorisée, par exemple à 30 km/h.

La Ville de Genève et les villes des communes suburbaines pourraient se voir imposer cette limitation générale, si la volonté de rendre la vie meilleure et de répondre aux aspirations des habitant.e.s du canton avait une signification pour la majorité du parlement. Il ne s’agit pas ici de passer en revue toutes les mesures propres à améliorer le quotidien des Genevois.es en atténuant, comme cela est possible, les nombreuses nuisances routières. Mais de dénoncer l’hypocrisie d’une certaine droite qui traite par-dessus la jambe les pétitions en assurant du contraire. Elle excelle dans l’art écœurant d’affirmer combien les préoccupations relevées sont légitimes, ont retenu sa meilleure attention, etc. pour au final rejeter la pétition et exonérer l’exécutif de tout effort.

La majorité parlementaire a ainsi, une fois de plus, refusé le 23 novembre 2018 de renvoyer au Conseil d’Etat deux pétitions (« Non au report des nuisances routières ! » et « Pour l’amélioration de la sécurité piétonne ») qui ne faisaient que demander la prise de mesures tout à fait réalisables (limitation de la vitesse des véhicules, principalement) permettant un gain de sécurité pour toutes et tous. Pour Ensemble à Gauche, la volonté populaire en matière de mobilité douce a été clairement exprimée et il convient d’en tenir compte. Le dépôt de motions sur le sujet reste possible si cela n’avance pas assez vite.

[1] A Genève, en 2017, il y a eu 6 piétons et 2 cyclistes tués, et 0 automobiliste