Depuis plusieurs législatures, à chaque renouvellement du gouvernement apparaît un nouveau découpage des départements, une nouvelle redistribution des missions de l’Etat et de ses services. S’il s’agissait d’une recherche de meilleure adéquation à l’évolution de la société et aux besoins de la population nous ne pourrions qu’y souscrire. Or, ce n’est pas de cela dont il est question. Nous assistons à chaque fois à une sorte de redécoupage à la carte des désidératas et intérêts des nouveaux Conseillers d’Etat, avec en corollaire la désagréable impression que c’est moins la cohérence de l’action de l’Etat, la préoccupation de l’intérêt de la population qui prime que l’intérêt personnel et partisan des magistrats et leur capacité à obtenir la part à laquelle ils prétendent.

A chaque changement, à chaque nouvelle composition se sont autant de réorganisations de services, autant d’adaptation de la signalétique des départements et services qui doivent être mis en place. Ce sont surtout autant de déplacements de collaborateurs et de redéfinition des équipes. Autant le dire clairement aux censeurs du budget :  Le bal des départements organisé depuis un certain nombre de législatures au moment de chaque intronisation du nouveau gouvernement coûte. Tant sur le plan humain que sur le plan financier.

Avant tout, ce sont surtout des changements d’interlocuteurs pour les citoyens, pour les partenaires, avec tout ce que cela peut également induire de changements d’orientations politiques. Alors, certes l’Etat n’est pas un monolithe, mais il devrait au moins conserver dans la durée une certaine continuité. Sa cohérence est à ce prix. Mais au-delà de cette inconstance, il y a également dans cette redistribution des tâches de l’Etat des lacunes, des incohérences qui laisse pantois. Mais où donc se niche l’économie – un secteur d’activité de l’Etat, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas mineur ? Un peu chez M. Poggia, un peu chez M. Maudet comme auparavant, mais sans trop l’afficher, discrètement, avec cependant des interlocuteurs qui s’interchangent comme pour la surveillance du marché de l’emploi.

En ce qui concerne le nouveau département de la formation et la jeunesse, quelle logique ? Si ce n’est celle des intérêts et des domaines connus des nouveaux magistrats ? Comment entretenir et développer les synergies mises en place dès lors les logiques de collaboration sont rompues et qu’il faut déployer de nouveaux efforts pour en instaurer d’autres ? Pourquoi séparer la culture et le sport d’un département de l’Instruction publique, dont par exemple nombre de filières de formation intègre ces domaines ?

Le groupe EàG s’est opposé à ce dépeçage des départements. Étonnement, le PLR en a fait de même, rejetant aussi la résolution du Conseil d’Etat. Au final, suite à une démarche de plusieurs partis, le remise en question du nom de l’actuel DIP est en passe d’être préservé. Cela ne constitue néanmoins qu’une maigre victoire sur un processus globalement douteux. Le groupe Ensemble à Gauche est défavorable à cette valse des départements. Il considère que l’organisation de l’Etat doit correspondre à la manière la plus adéquate de répondre avant tout aux besoins de la population et aux impératifs de fonctionnement de l’appareil de l’Etat ; les désidératas des nouveaux magistrat-e-s ne devant intervenir que subsidiairement, en cohérence avec l’organisation pérenne de l’Etat.

par Jocelyne Haller, députée EàG,
jocelyne.haller@gc.ge.ch