Une pétition lancée par le Collectif «Réfléchissons à l’usage du numérique et des écrans» (RUNE), soutenue par l’Association des logopédistes indépendants, le Groupe enseignement du SSP et la Coopérative l’Itopie informatique a été soutenue par le Grand Conseil à une large majorité et renvoyée au Conseil d’État, qui devra y répondre de façon circonstanciée.

De quoi s’agit-il? D’une opposition à un enseignement qui tend à remplacer la relation primordiale entre l’enseignant·e et l’élève par un recours croissant aux tablettes et aux écrans dans les petits degrés du primaire. Il ne faut donc pas confondre l’enseignement au numérique, qui vise légitimement à sensibiliser et à armer les élèves face au numérique, à l’enseignement par le numérique.

Les travaux de Michel Desmurget, chercheur français en neurosciences, notamment La Fabrique du crétin digital (Paris, éd. du Seuil, 2020) , ont montré que les enfants du primaire passent aujourd’hui 5 heures par jour devant un écran et que cela porte atteinte à leurs aptitudes dans les domaines de la connaissance, du langage, de la concentration, de la mémorisation, des émotions, du sommeil, du développement physique, des aptitudes sociales, etc. Or, paradoxalement, la société numérique a des exigences croissantes en matière d’écriture et de lecture.

Quid des vidéos éducatives? Elles sont infiniment moins efficaces que les relations interpersonnelles en contexte éducatif (familial ou scolaire). En effet, le cerveau ne capte pas de la même façon une interaction avec une personne et avec un écran. Des expériences scientifiques le montrent. Raison pour laquelle cette pétition demande un moratoire et invite à la réflexion, alors que le DIP, semble appliquer la politique du fait accompli en multipliant l’usage des tablettes et des Tableaux blancs interactifs à l’école primaire.
(à suivre…)


Jean Batou