Mme Fontanet, conseillère d’État PLR, ne cesse de répéter qu’il faut remercier les grandes entreprises, les multimillionnaires et les gros actionnaires du canton de payer beaucoup d’impôts. « Cette pyramide fiscale est fragile, insiste-t-elle, ne la chargez pas ! » En réalité, cette pyramide fiscale est l’image inversée de notre pyramide sociale, la plus inégalitaire de Suisse, où un nombre croissant de contribuables modestes ne déclarent aucune fortune et des revenus trop faibles pour être taxés.

C’est ainsi, pour ménager les super-riches, que la magistrate PLR, appuyée par ses collègues socialistes et verts, aujourd’hui majoritaires au gouvernement, ont recommandé le rejet de l’initiative populaire d’EAG pour la taxation des dividendes sur un pied d’égalité avec les salaires et les retraites. Or, les dividendes distribués en Suisse au 1er trimestre 2022 se sont montés à 18 milliards de francs, soit six fois plus qu’en France et trois fois plus qu’en Allemagne, des pays pourtant beaucoup plus peuplés.

Pour rassurer Mme Fontanet, le groupe EAG a proposé d’inviter un représentant du groupe des « millionnaires patriotes » (en réalité, des milliardaires), qui ont adressé l’appel désespéré suivant au Forum économique de Davos, en janvier dernier : « Alors que le monde a traversé d’immenses souffrances, ces deux dernières années, écrivent-ils, la plupart d’entre nous peuvent dire que notre richesse a augmenté pendant la pandémie – mais honnêtement, peu d’entre nous, voire aucun, peuvent affirmer qu’ils payent leur juste part d’impôts. »

Il se pourrait que quelques multimillionnaires genevois partagent cette culpabilité, puisque la somme totale des fortunes de 3 millions et plus à triplé dans ce canton au cours de ces sept dernières années. Et comme le disait Calvin : « Il nous faut toujours avoir souvenance, qu’il est malaisé que celui qui prend profit ne fasse tort à son frère ».

Jean Batou