C’est parti ! Le travail concernant l’introduction d’un salaire minimum cantonal à Genève peut enfin redémarrer grâce à l’initiative syndicale que nous avons soutenue. Cette initiative qui souhaite fixer un seuil minimum à 23 frs de l’heure pour toute rémunération dans le canton, vient d’être validée par le Conseil d’État et a été présentée au Grand Conseil.

Ainsi, lors de la dernière session, nous avons enfin eu la chance d’arrêter de parler de baisses fiscales pour les plus riches et de pleurer sur le sort des actionnaires et nous avons pu commencer à nous concentrer sur les conditions de vie réelles de la population de ce canton. Une discussion nécessaire tant la pauvreté, notamment parmi les travailleur-euse-s est une réalité qui gagne du terrain.

En effet, environ 10% des salarié·e·s du canton gagnent – en travaillant à 100% et parfois jusqu’à 45H par semaine – moins de 4000 frs. Pire, 5 % de celles ou ceux-ci gagnent moins de 3500 frs. C’est une véritable honte, malheureusement pas uniquement réservée à quelques niches échappant aux contrôles. Non, de fait, de vastes secteurs couvert par des conventions collectives de travail (CCT) prévoient des salaire minimaux en deçà de 4000 frs. En voici quelques exemples :

Hôtellerie restauration : 3470 frs x13

Nettoyage : 3475,08 Frs (19,60)

Coiffure : 3350 frs

Boulangerie : 3435 frs

Nettoyage industriel des textiles : 3300 frs x13

Cette liste non-exhaustive ne recense que quelques exemples parmi les 60% des travailleurs·euses « protégés » par une CCT. Elle fait notamment fi des 40 % de salarié·e·s non soumis à des salaires minimaux et qui pourraient être engagés à des salaires de misère en toute légalité (exemple d’une secrétaire à 1500 frs).

L’aide sociale subventionne les patrons
Ces salaires indignes plongent les salarié-e-s et leurs familles dans la pauvreté et les rendent extrêmement fragiles. Pour preuve, le montant du revenu cantonal minimum d’aide sociale à Genève est de 3821 Frs. L’Etat et les prestations complémentaires jugent donc que pour vivre seul à Genève, le minimum social vital est de 3821 frs soit un montant bien supérieur à des milliers de salaires dans notre canton. Les gens percevant ce genre de salaire doivent donc faire appel à des aides afin de boucler les fins de mois. Avec cette politique salariale, l’aide sociale doit pallier à la faiblesse des revenus et nos impôts servent à compléter les salaires que le patronat refuse de verser. D’ailleurs de plus en plus de personnes dépendent de l’aide sociale au sens large et en 2016, ce n’est pas moins de 14,3% de la population qui en dépend. Cette situation est tout simplement inadmissible, ce d’autant que 2/3 de ces personnes sont des femmes.

Working-poor ou changement de cap ?
Ainsi, il est nécessaire d’intervenir au plus vite pour modifier la politique salariale dans ce canton. D’ailleurs, le rapport du Conseil d’Etat (RD1155) sur l’étude sur la pauvreté réalisé dans le canton de Genève l’avoue dans ses conclusions. « Il faut donc conclure qu’en l’absence d’un changement de cap dans les politiques salariales, l’intervention de l’État pour remédier à la faiblesse des revenus du travail sera appelée à augmenter, faisant dans les faits peser sur les finances publiques une insuffisance découlant de l’évolution du marché du travail. L’on peut même aller plus loin, en admettant la nécessité de lutter contre le désengagement des employeurs, dont l’insuffisance des salaires versés est comblée par les diverses prestations sociales délivrées par l’Etat, notamment les PCFam. »

Ainsi, l’IN 173 est frappée au coin du bon sens. Il s’agit de voter une loi qui instaure une mesure de protection sociale essentielle à savoir l’instauration du salaire minimum. Une mesure nécessaire pour éviter les working-poor et que les impôts des contribuables servent à payer les salaires non-versé par le patronat. Ce projet est d’autant plus d’actualité que le canton de Neuchâtel vient d’en instaurer un et que le Tribunal fédéral a validé cette mesure en tant que mesure de lutte contre la pauvreté.

A nous de faire de même et de convaincre le parlement d’introduire cette disposition. Si nous échouons, nous pourrons toujours compter sur la votation populaire pour enfin protéger les salarié-e-s contre le dumping et la pauvreté.

Affaire à Suivre.

Retrouvez le texte de l’initiative ici.

Pablo Cruchon