On se souvient de la Loi sur la police (LPOL) de Pierre Maudet qui entendait réorganiser la police sur un mode autoritaire. Elle avait été contestée en référendum par EAG et le MCG pour des raisons différentes, puis acceptée de justesse par le corps électoral, à 52 voix près, en 2105, avant d’entrer en vigueur en 2016.

Depuis, cette loi a eu des conséquences déplorables, parmi lesquelles nous nous contenterons de relever:

  1. La militarisation d’un secteur de la fonction publique censé répondre de façon démocratique aux besoins de la population sous le contrôle en dernier ressort du parlement.
  2. La formation des aspirants dans la caserne valaisanne de Savatan, sur un mode prussien, dans une perspective répressive, sans rapport avec l’activité sociale des fonctionnaires de police.
  3. L’organisation des différents services en silos séparés les uns des autres, empêchant une collaboration optimale pour remplir leurs objectifs fondamentaux, en particulier la sécurité des personnes.
  4. La création d’un Conseil consultatif de sécurité, au mieux parfaitement inutile, dominé par des cadres de l’armée et de la finance, censés lutter contre le terrorisme et la cybercriminalité.
  5. Le développement d’une hiérarchie pléthorique qui semble désormais dominer le conseiller d’État en charge de la sécurité plus qu’il ne la domine.

Sommé de répondre à de nombreuses motions et interpellations sur la crise de la police, M. Poggia a confié une étude interminable au colonel Vautravers, directeur de la Revue Militaire Suisse, qui n’a, on s’en doute, aucune compétence particulière en la matière. Résultat, ce haut gradé, qui siège au Conseil consultatif de sécurité, n’a pas trouvé grand-chose à redire à la LPOL, qu’il avait d’ailleurs contribué à concevoir avec Pierre Maudet.

EAG a déposé un projet de loi 12521 en mai 2019, qui va enfin (!) être traité par la commission judiciaire et de la police. Il s’agit d’un PL cosigné avec le PS, les Verts et le MCG, qui devrait permettre de se débarrasser des travers les plus criants de la LPOL.

Il dispose potentiellement d’une majorité au Grand Conseil et pourrait être adopté en plénière avant la fin de cette législature. Nous pourrions alors tourner la page d’une dérive militariste inquiétante, imposée à la police genevoise par l’ancien conseiller d’État Pierre Maudet.

Jean Batou