Le groupe Ensemble à Gauche a refusé le programme de législature présenté par le Conseil d’Etat. Le multi-pack dont il se réclame, avec aussi le plan financier quadriennal (PFQ) et le budget 2019, n’intègre pas les effets de PF17. Cela fausse fortment l’exercice de prévisions auquel prétend se livrer le gouvernement. Cette posture occulte les baisses fiscales générées par PF 17 et tente de dissimuler les sacrifices qui seront exigés de la population et du personnel des services publics en plus de ceux qui seront imposés par le Budget 2019.

Présenter un programme de législature en 53 pages impose un caractère réducteur, certes. Mais cet exercice devrait au moins permettre de comprendre l’orientation politique qu’un gouvernement veut donner à son action. Or, ce programme est émaillé de quelques annonces propres à capter l’attention et à satisfaire certains milieux et est jalonné d’autres intentions formulées quant à elles de manière si elliptiques quelles permettent de comprendre ou d’espérer tout et son contraire.

L’imprécision ou le manque de clarté délibérée de ce texte doit alerter le parlement qui ne devrait pas se satisfaire de de lignes directrices et de prévisions si lacunaires.

Evidemment, nombreux seront ceux, qui tenus par leur position de partis gouvernementaux, viendront dire que les charges augmentent de manière significatives et que des postes sont alloués.

Effectivement, mais faut-il vraiment encore rappeler que ce faisant, on ne fait que combler un peu le déficit de moyens creusé durant ces dernières années par l’inconséquence de la majorité de ce parlement? Faut-il aussi rappeler que nombre de ces augmentations, dont se félicitent beaucoup de parlementaires ne sont que des adaptations incontournables à l’augmentation de la population.

Le groupe Ensemble à Gauche réfute énergiquement le concept de «symétrie des efforts» invoqué par le Conseil d’Etat à l’heure il plaide avec enthousiasme pour de pharamineux cadeaux à faire aux plus riches de ce canton alors que la classe moyenne et les plus modestes passent au tourniquet et qu’ils seront une fois de plus contraints à subir de nouvelles économies. Ceci alors qu’un accent particulier devrait être engagé pour améliorer les conditions de vie de ce pan de population plutôt que de l’obérer.

Le Groupe EàG dénonce en particulier certains éléments de ce programme :

L’intention avouée d’inscrire en matière de logement une disposition prévoyant 1/3 de logement d’utilité publique (LUP), 1/3 de loyers libres, 1/3 de propriété par étage (PPE). Comme si 1/3 des locataires avaient les moyens d’accéder à une PPE, comme si certains LUP ne se situaient pas trop souvent à des niveaux prohibitifs pour une majorité des locataires.

Nous sommes particulièrement favorables au développement de la formation et des possibilités de reclassement professionnels, mais nous sommes convaincus que si les efforts en la matière ne sont pas accompagnés d’une politique proactive de protection et de développement de l’emploi, cela nous conduira à avoir plus de chômeurs-euses formés. La majorité de ce parlement ne peut plus entretenir l’illusion qu’elle peut encore ménager les intérêts du patronat et se dispenser d’empoigner les questions des politiques salariales et de création d’emploi.

Dans le même registre, l’on ne peut que s’inquiéter du penchant, renforcé dans ce programme, à payer les employeurs pour engager des employés. Allocation de retour en emploi (ARE), allocation cantonale complémentaire (ACC), allocation premier emploi (APE), autant d’acronymes qui découlent de cette tendance fallacieuse en vogue, qui fausse les rapports contractuels et mine la notion même de travail, en niant allégrement la plus-value apportée par les travailleurs-euses. Quant à l’allocation pont (A pont), nous relevons que le projet qui nous est présenté n’est manifestement pas à la hauteur des espérances qu’un tel projet pouvait susciter.

En ce qui concerne l’attachement au partenariat social proclamé par le Conseil d’Etat dans ce programme, pour le moment, sa position lors du traitement du PL 12 372 sur l’ouverture des dimanches n’augure rien de bon et sembler plutôt infirmer cette profession de foi.

Pour le domaine de la santé, là encore le programme de législature parle de partenariat public/privé, de renforcement de la responsabilité individuelle, de réduction des coûts de la santé. En revanche nous ne trouvons rien à propos de la nécessité d’intervenir sur les aspects sociaux de la santé, pas plus que sur l’incontournable besoin de lutter contre la détérioration de la qualité des soins aux HUG et la détérioration des conditions de travail de leur personnel.

Voici donc quelques-uns des éléments, parmi tant d’autres, qui ont conduit le groupe EàG à refuser de cautionner un programme de législature à orientation ostentatoirement libérale; qui se caractérise principalement par l’austérité et les sacrifices qu’il veut imposer à la population et les avantages qu’il veut réserver aux milieux économiques.