Le Grand Conseil adoptait jeudi soir dernier à une large majorité une résolution soutenant le personnel en grève des EMS Plantamour et Notre Dame contre l’externalisation de leur service. La teneur de cette résolution, déposée par EàG et cosignée par le PS, les Verts et le MCG, était claire : elle exigeait du Conseil d’Etat qu’il s’oppose fermement à l’externalisation des services hôteliers de ces EMS. Vendredi pourtant, le Conseil d’Etat s’est assis sur cette décision, permettant ainsi à la direction des EMS de s’enfiler dans cette brèche… Cette dernière a saisi la Chambre des relations collectives de travail (CRCT) pour une médiation sur la base de propositions maintenant l’externalisation… mettant ainsi fin à la grève !

Poggia s’assied sur le vote du Grand Conseil
Selon un communiqué de presse du Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS), le conseiller d’Etat en charge des EMS, Mauro Poggia, a visiblement mal compris le sens de la résolution, acceptée hier à une large majorité des député-e-s. Alors que le message du parlement était on ne peut plus clair, le conseiller d’Etat Poggia a proposé aujourd’hui de maintenir l’externalisation, sans baisse des salaires pour le personnel actuel. Cette proposition n’offre aucune garantie : le personnel ne sera plus couvert par la CCT des EMS et les futurs employé-e-s de ces services seront embauchés à des conditions bien plus désavantageuses. Il est clair que le marché proposé par Poggia mènera, de manière graduelle plutôt qu’abrupte, à une baisse des salaires et une dégradation des conditions de travail tout aussi mauvaises que celles contenues dans les actuelles propositions du directeur des institutions. Cela est tout simplement inacceptable qu’un élu du peuple méprise à ce point une décision démocratique et s’encanaille avec la direction de l’EMS au mépris des revendications des grévistes et des nombreuses personnes les ayant soutenus dans la population.

Poggia fait son roitelet
Dans le communiqué de presse du DEAS, le conseiller d’Etat se cache derrière le règlement d’application de la loi sur la gestion des établissements pour personnes âgées (RGEPA), qui indique que la sous-traitance des métiers socio-hôteliers est autorisée. Cela est totalement absurde ! Tout d’abord, parce que l’entité ayant le pouvoir de modifier les règlements est le Conseil d’Etat lui-même. Ensuite, parce qu’une décision du Grand Conseil, en l’occurence la résolution votée hier soir, devrait primer largement sur un règlement : dans une république non bananière, une décision des élu-e-s du peuple à pour vocation à imposer des modifications de règlements à l’exécutif, et non le contraire !

Une attaque scandaleuse contre le personnel hôtelier
Il y a deux semaines, le personnel hôtelier des Résidences Notre-Dame et Plantamour s’est mis en grève pour protester contre l’externalisation du service hôtelier des EMS. La direction de deux EMS des Pâquis a en effet annoncé vouloir transférer l’ensemble de son personnel hôtelier à la société Adalia SA. Si ce plan d’externalisation aboutit, les conditions de travail du personnel hôtelier de ces deux EMS se verront profondément dégradées : tandis que les salaires seront amputés de 600 à 1600 francs par mois, le personnel verra son temps de travail augmenter de deux heures par semaine. Cette diminution des salaires est d’autant plus scandaleuse que les personnes visées par cette mesure touchent parmi les plus bas salaires de l’institution.

par Jean Batou, député EàG,
jean.batou@gc.ge.ch