Il y a aujourd’hui plus de 300’000 m2 de locaux commerciaux vides à Genève. A en croire le Conseil d’État, un tiers seulement de ces surfaces seraient convertibles en logements, soit l’équivalent de 1250 appartements d’une moyenne de 80m2. Le reste de ces locaux pourrait aussi être loué à des artisans, à des commerçants ou à des associations, si les prix de leurs loyers étaient sensiblement réduits. Afin de faire bouger les lignes, EAG a proposé de taxer ces locaux vides.

Première question : pourquoi ces surfaces restent-elles vides ? D’abord parce que l’État ne fait rien pour pousser à la transformation des locaux commerciaux vides en habitations répondant aux besoins prépondérants de la population, c’est-à-dire à loyers modérés. Les propriétaires n’y sont en effet intéressés que pour les transformer en logements de luxe, et seulement à condition de pouvoir les reconvertir à volonté en locaux commerciaux si la conjoncture le permet.

Seconde question : pourquoi les détenteurs de surfaces commerciales les laissent-ils vides ? Pourquoi ne réduisent-ils pas leurs loyers pour pouvoir les louer ? Il y a deux raisons à cela. La première, évidemment, c’est qu’ils préfèrent ne pas mettre en location leurs biens pendant une période, même longue, que de voir leurs loyers baisser. La seconde, c’est que la valeur de leur propriété dépend directement du niveau de leurs loyers.

C’est pourquoi, la taxation des surfaces commerciales laissées intentionnellement vides, parce que leurs propriétaires refusent d’adapter leurs prétentions à la demande, est une piste intéressante pour sortir de l’impasse. Bien entendu, la majorité de droite du Grand Conseil a rejeté notre proposition.

Jean Batou