Intervention de conclusion de Jean Batou, rapporteur de première minorité d’Ensemble à Gauche, avant le vote final du budget 2018.

«Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un choix fondamental: quel bouclier voulons-nous pour Genève? Un bouclier fiscal pour les multimillionnaires, introduit en 2009; un bouclier pour les gros actionnaires, introduit en 2011; un super-bouclier pour les très grandes entreprises, à l’horizon 2020? Ou un bouclier social pour les usager·e·s des services publics, les bénéficiaires des prestations sociales, les travailleurs·euses, et tous les «petits» de ce canton; pour les locataires qui doivent trouver à se loger en France voisine parce qu’ils n’ont pas trouvé d’appartement à louer à un prix abordable, et que le Conseil d’État menace désormais de priver de certaines prestations; pour les petits propriétaires; pour les petits indépendants; pour les petites entreprises qui font peu ou pas de bénéfices, et à qui on veut faire payer une taxe de 0,22% sur leur charges salariales pour compenser les pertes de la RIE III bis (PF 17) ?

Nous avons choisi et défendons le maintien et le renforcement de notre bouclier social. Mais ce bouclier social ne sera défendu que par la mobilisation, la mobilisation qu’on sent monter dans ce canton, celle des travailleurs·euses de la fonction publique, celle des travailleurs·euses des EMS, celle des travailleurs·euses d’ABB-Sécheron, et nous espérons que ces exemples seront suivis par d’autres, car sans ces mobilisations populaires, nous ne sommes rien ici au parlement.

Que faisons-nous au parlement? Nous posons des digues:

  • en exigeant l’accroissement des droits populaires – aujourd’hui, grâce à Ensemble à Gauche, avec un tiers de signatures en moins, on peut déposer un référendum ou une initiative;
  • en défendant les droits des assuré·e·s de la plus grande caisse de pension du canton, la CPEG, que François Longchamp entend brutalement dégrader;
  • en refusant par un projet de loi constitutionnel des cadeaux fiscaux sans précédent aux plus grandes entreprises;
  • en disant non à des baisses punitives de prestations, quand le corps électoral se prononce pour des baisses de tarifs aux TPG;
  • en refusant des baisses de subsides aux assuré·e·s maladie;
  • en exigeant enfin que la Banque cantonale de Genève rembourse les trois milliards et cent millions qu’ont coûté son sauvetage à ce jour aux contribuables.

Entre 2005 et 2013, pendant 8 ans, lorsque Ensemble à Gauche n’était pas présent dans cette enceinte, la majorité de droite a poussé l’avantage. Le directeur général des finances cantonales, M Pierre Béguet, n’a-t-il pas reconnu que Genève était devenu le champion national toutes catégories de la compression des charges, précisément depuis 2005?

Depuis 2013, nous sommes ici et nous entendons y rester pour y défendre les intérêts de la grande majorité de la population. C’est pourquoi il est de notre responsabilité politique – et là je m’adresse à mes amis socialistes et verts –de parler clair à la population; de lui dire que dans les années à venir, nous allons être confrontés à des choix de société fondamentaux, et qu’il faut nous y préparer toutes et tous ensemble.

Ne croyez pas que votre décision de voter ce mauvais budget 2018 va vous épargner la hargne de ceux qui veulent prendre toujours plus aux dépens de celles et ceux qui disposent de toujours moins. Demain, quand ils seront élus, s’ils sont élus, ils resserreront encore ce budget d’austérité électorale pour mener une politique encore plus dure. Vous le savez, le PLR est en embuscade. Aujourd’hui, il a renoncé à faire un rapport de minorité contre ce budget, et ses député·e·s se sont même majoritairement abstenus à l’issue du deuxième débat, parce que ce budget est en réalité celui de ses magistrats au Conseil d’Etat.

Vous avez joué à vous faire peur. Tout le monde sait que ce budget va être confortablement accepté en raison de la volonté politique du PLR et du PDC de commencer par une austérité soft, avant de couper plus brutalement dans le lard du chat pour financer la baisse massive de l’imposition des grandes entreprises, qui devrait coûter au moins 350 millions par an aux collectivités publiques. Et là, ce sera l’heure de vérité. Serez-vous avec nous pour refuser par tous les moyens cette contre-réforme rétrograde? Nous le souhaitons.

Pour répondre à ce défi, nous vous appelons à refuser ce budget. Et à celles et ceux qui nous écoutent – et manifestent – en dehors de cette enceinte, j’aimerais dire qu’il faut absolument accroître la mobilisation sociale sur les lieux de travail et dans la rue pour la défense des services publics et des prestations à la population, mais aussi renforcer la présence d’Ensemble à Gauche dans ce parlement le 15 avril prochain