La pétition pour un centre féministe déposée par le Collectif de la grève féministe a été accueillie jeudi soir à la droite de l’hémicycle par des cris, des sarcasmes, et autres railleries allant jusqu’aux insultes ! Ce fut un moment indigne et pitoyable. Le Président de séance du Grand Conseil a dû rappeler à l’ordre et au respect ces députés qui se déchaînaient avec une surenchère de remarques sexistes qui ont empêché Françoise Nyffeler de présenter la position d’EàG! Finalement, il a manqué quelques voix pour envoyer cette pétition au Conseil d’Etat.

Cette pétition avait été déposée le 8 mars 2021 au Grand Conseil et au Conseil Municipal. En effet, après les très grandes mobilisations que nous avons organisées nous avons besoin d’un lieu pour continuer nos luttes, pour nous réunir, pour partager, pour accueillir et pour entreposer notre matériel. Un lieu safe en mixité choisie et en toute autonomie à l’image du Collectif, dans lequel bien sûr on accueillera d’autres associations amies. Nous pensons que l’ampleur de nos mobilisations a démontré combien nos revendications et nos luttes sont largement soutenues et que la légitimité de notre demande pour un espace représentatif de ce mouvement féministe à Genève, n’était plus à prouver.

Pourtant, la majorité de droite de la commission des pétitions l’a rejetée en refusant de la transmettre au Conseil d’Etat. Il est des moments révélant plus clairement les positions et les soutiens sur lesquels le mouvement féministe peut compter. PLR, PDC, MCG et UDC furent unanimes à rejeter notre demande en commission et furent aussi celles et ceux qui nous ont gratifié-e-s d’un rapport de majorité paternaliste, ironisant sur notre volonté de rester un collectif autonome et non institutionnel. Ils nous proposèrent de rejoindre les associations « féminines » et d’offrir des prestations à la population !

Nous déplorons d’avoir dû assister à ce pugilat machiste, viriliste et paternaliste qui s’est conclu par l’intervention d’un député UDC nous renvoyant avec agressivité dans la rue par ces mots : « retournez donc dans la rue pour hurler c’est tout ce que vous savez faire ! ». Malgré le fait que nous nous trouvions clairement hors des limites fixées dans la Loi portant le règlement du Grand Conseil (LRGC) au sujet des propos sexistes, le Président de séance n’est pas intervenu. Nous demanderons au bureau du Grand Conseil d’intervenir pour faire appliquer cette loi.

Heureusement, des députées socialistes et vertes nous ont soutenues notamment par un rapport de minorité. Mais la majorité de droite du Grand conseil a fait bloc et a refusé l’envoi au Conseil d’Etat par 45 voix contre 33. Heureusement, la Ville de Genève, majoritairement à gauche, nous a entendues et semble vouloir nous aider à trouver un lieu pour créer un centre féministe.

Une chose est sûre, le Parlement genevois n’est pas féministe. Nos luttes et nos mobilisations féministes sont indispensables pour faire avancer nos revendications et combattre le système patriarcal qui discriminent les femmes ainsi que toutes les minorités de genre.

Françoise Nyffeler