Une large majorité du Grand Conseil a refusé la vente d’une cinquantaine d’appartements en pleine propriété dans le quartier de l’Adret Pont-rouge. C’est un signe politique fort contre la privatisation des terrains publics. Le parlement a ainsi désavoué la Fondation pour la promotion du logement bon marché et de l’habitat coopératif (FPLC) et le Conseiller d’Etat Antonio Hodgers qui jouent les promoteurs immobiliers au lieu de défendre les intérêts de la majorité de la population.

La FPLC, fondation qui a pour but d’acheter des terrains et de les remettre à des fondations ou des coopératives pour construire des logements sociaux, s’est transformée, le temps d’un projet, en opérateur urbain. Au lieu d’acheter les terrains et de les donner aux organismes qui feraient construire leurs immeubles, la FPLC sur ordre du Conseil d’Etat, a décidé de réaliser complétement ce quartier. Un projet ambitieux qui a débouché sur une situation problématique de plusieurs points de vue.

22% de PPE
Tout d’abord, la FPLC a décidé de produire des appartements destinés à la vente, en complète contradiction avec ses statuts. Le projet, aujourd’hui presque entièrement réalisé, compte 22% de PPE dont une moitié en droit de superficie et une autre en pleine propriété. Ceci correspond à une privatisation des terrains de l’Etat et donc à une perte à long terme pour la collectivité. Cette perte de possession du foncier est un véritable enjeu car il empêche l’Etat de mener des politiques de logement et d’aménagement dignes de ce nom. De plus, ces appartements ont été soustrait à la construction de logements sociaux (LUP). C’est donc moins de logement bon marché ou d’habitation mixte qui vont voir le jour, au détriment des besoins prépondérants de la population.

Des PPE inaccessibles à la majorité de la population
En plus, de diminuer le nombre de logements locatifs abordables construits, ce projet faisait donc part belle à la propriété par étage (PPE), inaccessible à la grande majorité de la population. Avec des appartements de 176 m2 pour 1,3 millions de francs, le choix fait par la FPLC est d’attirer des personnes à très haut revenus sans qu’aucun travailleur-euse-s ne puisse réellement songer acquérir un tel bien.

La FPLC chercher à concurrencer les promoteurs immobiliers
En construisant ces 98 appartements en PPE, la FPLC a voulu se mettre en concurrence avec les promoteurs immobiliers. Les prix de sorties sont en effet moins chers que ceux pratiqués par le privé. Pourtant, la FPLC n’a pas pour but de devenir un agent spéculateur du marché immobilier, ni même de faciliter l’accession à la propriété pour les classes moyennes supérieures. Pire encore, avec ce projet, la FPLC participe à alimenter cette logique de marché, alors qu’elle devrait servir à l’inverse. La FPLC doit acheter du terrain, pour le sortir de la logique spéculative, pour collectiviser le foncier afin que nous ayons une gestion démocratique de nos terres et de nos habitats. Avec ce projet, la FPLC et le Conseil d’État qui l’a utilisée ont donc failli lourdement à leurs tâches et leurs buts.

Pablo Cruchon