Une réforme au goût d’État policier

Aujourd’hui la coalition Ensemble à Gauche : solidaritéS · DAL · Parti du Travail a organisé une action devant le Consulat français à Genève pour manifester notre solidarité avec les grévistes en France, alors que l’ensemble des organisations syndicales ont participé à une nouvelle journée de grèves, blocages et manifestations dans toute la France contre la réforme des retraites de Macron.

La réforme des retraites en France est, comme en Suisse, une réforme du capital qui sert les fonds de pension et attaque les acquis sociaux, sous couvert de problèmes inventés pour justifier sa nécessité. En Suisse aussi, nous avons subi l’affront de l’augmentation de l’âge de la retraite, avec la récente réforme AVS21, et la réforme à venir du 2e pilier n’augure que des baisses de rentes tout en cotisant plus. Comme en France, les femmes et les secteurs les plus précarisés seront les plus touchés par cette réforme, qui se fait sur le dos des classes populaires.

Le recours à l’article 49.3 est un passage en force antidémocratique du gouvernement français. Contre l’avis de plus de deux tiers de la population selon les sondages, et malgré des grèves massives et une alliance intersyndicale inédite depuis 30 ans, Macron a contourné l’assemblée nationale afin d’éviter de consulter les parlementaires sur le fond de la réforme. Le fait que la motion de censure ait presque été rejetée à 9 voix près souligne la faiblesse de la base sociale du pouvoir et ses pratiques autoritaires, et renforce l’illégitimité du gouvernement. 

Après cette décision, les mobilisations qui se sont tenues aux quatre coins du pays témoignent de la colère face au scandale antidémocratique en cours. Du côté de la jeunesse, les blocages d’université se multiplient aussi. Au sein des facs comme dans la rue, les étudiant-e-s enchaînent les actions avec les secteurs en grève contre la réforme des retraites.  La violente répression qui s’abat contre les manifestations, mais aussi contre des militant-e-s syndicaux spécifiquement ciblé-e-s, comme ceux travaillant dans le domaine de l’énergie, représente un durcissement du pouvoir. Macron est ultra-minoritaire, sa réforme aussi, et les premières enquêtes d’opinion post-49.3 indiquent le rejet massif de cet affront démocratique ainsi que la profondeur de la contestation, qui ne faiblit pas. Avec la poursuite de la mobilisation, il est probable que le gouvernement accentue la répression. Cela appelle une solidarité et une réponse unitaire à la hauteur de la provocation. 

Ce mouvement est un mouvement historique, par l’ampleur des manifestations et leur ancrage dans les villes, par sa durée, l’unité des organisations du mouvement ouvrier qui le caractérisent, la profondeur également du ras-le-bol qui existe dans de larges couches de la population. Le gouvernement et Macron doivent partir, mais il faut empêcher que ce soit l’extrême droite, en embuscade, qui rafle la mise. Il s’agit d’imposer une politique qui parte des besoins des salarié-e-s de la jeunesse, des retraité-e-s, des précarisé-e-s, et qui s’appuie sur leurs mobilisations pour les imposer.

La violence et la répression policière des manifestations sont immenses, dans la continuité de ce qu’on a pu observer durant la lutte des Gilets Jaunes. La méthode Macron, c’est terroriser la population pour la dissuader d’exercer ses droits, et mutiler celleux qui descendent dans la rue. Les nombreuses images montrent que des ordres clairs ont été donnés. Macron utilise les violences policières comme arme politique.

En France, les grévistes savent qu’une victoire est possible contre Macron et sa réforme. La solidarité est plus nécessaire que jamais. Une victoire du mouvement social en France pourrait changer le cap de plus de 40 ans de politiques antisociales. En France comme en Suisse, une alternative politique est plus que jamais nécessaire autour d’un projet de rupture avec les politiques capitalistes et pour une société écosocialiste.

  • Pour le retrait du projet antisocial de retraites du gouvernement Macron ! 
  • Halte à la répression et au matraquage des manifestant-e-s et grévistes !