La loi genevoise «sur les ressources du sous-sol» (LRSS) a été votée au printemps de l’an dernier, à l’unanimité et sans opposition aucune au Grand Conseil genevois, ceci dans sa séance du 7 avril 2017. Cette loi prévoit en son art.6 que «la prospection et l’exploration des hydrocarbures sont interdites» à Genève et en particulier que «l’exploitation de gaz et de pétrole de schistes reste en tout temps strictement interdite.» Ainsi lorsqu’au cours de la présente session, le hasard de reports successifs a conduit le Grand Conseil à traiter de deux résolutions déposées en 2015 par des député-e-s PS concernant la problématique du gaz de schiste, le soussigné, rapporteur désigné par la commission sur ces deux objets, a pu plaider pour se faire pardonner le retard de son rapport, que l’adoption des dispositions de la LRSS devait évidemment conduire à voter ces résolutions, sans grands débats, au motif que ce qu’on s’interdisait pour soi-même, on devait évidemment considérer qu’il ne fallait pas l’infliger à autrui.

Et le gaz de schiste, comme l’a rappelé de manière pertinente un nouvel élu vert est, par ailleurs, un moyen particulièrement sale et problématique de tenter de faire perdurer notre dépendance insoutenable aux énergies fossile.

Pratiquement sans débat, vu les évidences relevées ci-dessus, les deux résolutions ont été votées par une très large majorité du parlement genevois, l’une (la R795) s’adressait à l’Assemblée fédérale, en demandant un moratoire d’un quart de siècle sur toute exploration, exploitation ou importation de gaz de schiste et l’autre (R796) invitait, dans le même esprit, les Services industriels genevois (SIG) à renoncer à toute importation de gaz de schiste pour un délai analogue…

Ces deux votes à 65 contre 19, donc à plus de 3 contre 1, sont un signal, s’il en était besoin au-delà du vote de la LRSS elle-même, qui devrait conduire les SIG à liquider définitivement leur engagement même indirect dans les forages exploratoires conduits sous le Léman au large de Noville dans le canton de Vaud.

Signalons néanmoins au passage que si l’opposition au gaz de schiste s’est manifestée au vote sur presque tous les bancs, le PLR s’est – encore une fois – distingué, en votant de manière quasi unanime contre ces deux motions. Un peu honteusement il est vrai, puisqu’aucun-e élu-e PLR n’a osé prendre la parole pour annoncer ou expliquer ce vote anti-écologique, qui n’a rien de bien surprenant quand on connaît l’attachement instinctif des élu-e-s PLR aux hydrocarbure et à leur combustion, en particulier dans de (gros) moteurs à explosion…

La visite du ministre PLR Pierre Maudet aux émirats, qui n’avait d’autre motif (comme chacun-e sait !) que d’assister, dans un pays pétrolifère s’il en est, à une course de bolides de formule 1 (activité pourtant heureusement proscrite par la loi en Helvétie *) est là pour nous le rappeler si besoin était.

par Pierre Vanek, député EàG,
pierre.vanek@gc.ge.ch

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* C’est l’art 52 sur les «manifestations sportives» de la Loi sur la circulation routière (LCR) qui indique en son alinéa 1 : «Il est interdit d’effectuer avec des véhicules automobiles des courses en circuit ayant un caractère public.» Les courses automobiles en circuit sont donc illégales en Suisse et ceci depuis les années 50. Relevons au passage, qu’outre l’aspect contraire aux objectifs déclarés de Genève en matière énergétique et écologique (Société à 2000 Watts, etc.) il est surprenant qu’un magistrat cantonal, aux aspirations nationales bien connues, s’affiche comme allant à l’étranger «à titre privé» pour participer, fut-ce à titre de spectateur, à une activité stricto sensu illégale dans notre pays, ceci suite à un accident qui avait provoqué la mort de 82 personnes et une centaine de blessés sur le circuit du Mans en 1955.