Le Grand Conseil était saisi d’une proposition concrète d’avancée écologique et sociale significative. Il s’agissait d’un projet de loi de Pierre Vanek visant la gratuité des transports en commun pour les jeunes jusqu’à 18 ans. Une mesure promotionnelle et pédagogique, sociale et écologique, allant dans le sens du transfert indispensable vers les transports collectifs au détriment des transports individuels motorisés. Cette proposition aurait pu passer : mais le MCG – favorable par le passé à cette mesure – s’est abstenu et trois voix «vertes» s’y sont opposées celles de Mathias Buschbeck, David Martin et Yvan Rochat.

Datant de 2009, ce projet de loi revenait pour la troisième fois de commission. Lors des passages précédents en plénière, il ne s’était trouvé aucune majorité pour le refuser… Il est paradoxal que ce soit aujourd’hui, au moment où – en paroles – chacun-e se dit partisan de mesures en faveur du climat, il se soit trouvé une majorité pour dire NON, à laquelle ont apporté leur contribution trois élu-e-s du parti des Verts. Certes, le groupe parlementaire Vert était majoritairement favorable au projet… et sa porte-parole l’a défendu… mais ce parti ne connaissant pas de discipline de vote, trois élus qu’il n’est pas inexact de qualifier de verts-libéraux ont voté avec le PLR sur ce sujet.

Un PLR dont les arguments étaient pourtant au ras du sol genre « La gratuité ça n’existe pas… » ou « La vraie pédagogie, c’est d’apprendre aux jeunes que tout se paye » etc. Le problème bien sûr c’est que la mesure coûtait une quinzaine de millions par an !

Jean Batou a eu beau rappeler que le Conseil d’Etat lui-même avait identifié une responsabilité des employeurs dans le trafic TPG aux heures de pointe et que son coût se traduisait pour les entreprises par une …gratuité se chiffrant en dizaine de millions d’une charge endossée par la collectivité… rien n’y a fait.

Pierre Vanek a eu beau brandir l’exemple… du Luxembourg ou les transports collectifs sont gratuits jusqu’à 20 ans depuis 2018 et où l’ensemble des transports publics seront rendus gratuits dès mars 2020 sous l’égide d’un gouvernement libéral à participation verte… rien n’y a fait.

Le MCG, sacrifiant les intérêts matériels des couches populaires (et se soumettant sans doute aux injonctions de leur super-conseiller d’Etat) a annoncé qu’il s’abstenait « la rage au cœur »… en prenant pour prétexte son opposition au CEVA transfrontalier… sans qu’on comprenne bien ni le rapport, ni la rage. Un député de cette formation trouvant encore moyen d’invoquer le refus des « discriminations » comme motif de son opposition… le PL «discriminant» entre les mineur-e-s qui en auraient profité et les autres.

Le Conseil d’Etat quant à lui a chanté les louanges des transports publics zurichois, les plus chers de Suisse, dans un canton où la question des transports aurait été heureusement «dépolitisée» selon Serge Dal Busco…

La messe était ainsi dite. Le PDC, dont les états d’âme écolos occasionnels relèvent de la garniture cosmétique sur fond libéral, n’a pas eu le moindre sursaut de conscience et les familles nombreuses continueront à devoir payer cher pour les déplacements de leur progéniture en formation.

Une affaire à remettre sur le métier.