Ensemble à Gauche (EàG) présentait aujourd’hui en conférence de presse un projet de loi pour une école unifiée permettant la réussite de toutes et tous. « Notre projet propose de reconstruire une école de l’émancipation, par opposition à une école de la reproduction sociale », défend Claire Martenot, députée suppléante EàG. « Alors que le nombre de jeunes adultes fréquentant le Point jeunes de l’Hospice général augmente depuis des années, il est temps de repenser en profondeur le Cycle d’orientation afin que la stigmatisation et l’exclusion qui empêchent le bon déroulement de la fin de la scolarité obligatoire de nombre d’élèves cèdent le pas à une école permettant la réussite de toutes et tous. » Le but de ce projet de loi est prioritairement de faire cesser l’actuelle sélection précoce au primaire et de remotiver les élèves découragé-e-s par leur exclusion du système et par le manque de perspectives, du fait d’un marché du travail toujours plus sélectif, en redonnant du sens et de la valeur à leurs études.

Pour en finir avec l’école de l’échec…
« Depuis 2010, le cycle d’orientation vit au rythme des sections, comme lors de sa création dans les années 60 », observe Olivier Baud, député EàG. « Alors qu’à l’époque, les jeunes trouvaient des places d’apprentissage et pouvaient donc donner du sens à leurs études malgré les difficultés scolaires, le mal nommé « nouveau CO » de 2010 ne donne aucune perspective stable et valorisante pour les jeunes qui rencontrent ce type de difficultés. » Les statistiques du canton mettent en évidence l’impasse dans laquelle se trouve le système scolaire genevois, et tout particulièrement son incapacité à corriger les inégalités de chance de réussite scolaire des élèves. Selon des chiffres récents de l’OFS, 16,9% des jeunes Genevoi-se-s se retrouvent ainsi sans aucun diplôme à l’âge de 25 ans.

… vive l’école unifiée !
Pour faire cesser les situations d’échec vécues par certains jeunes, familles et professionnel-le-s, le projet de loi d’EàG unifie la structure de l’école obligatoire et empêche la stigmatisation des élèves qui rencontrent des difficultés dans leur travail scolaire. « Avec la disparition des regroupements en 9e année, nous supprimons en même temps la sélection précoce et la pression sur l’école primaire », explique Claire Martenot. « Tous les élèves qui sortent de 8e entrent dans les mêmes classes en 9e sans être différentiés selon leurs résultats. Ils et elles gardent ainsi les mêmes habitudes de travail, les mêmes repères qu’à l’école primaire sans avoir à porter l’étiquette « en échec » lorsqu’ils et elles se retrouvent dans un regroupement moins valorisé. » Le projet de loi précise qu’après une 9e année dans la continuité de la 8e primaire, les élèves choisissent des options en 10e et 11e année, en fonction de leurs désirs, de leurs compétences et de la formation qu’ils ou elles entendent suivre dès la fin du secondaire I. Ainsi un processus d’orientation se met en place de manière progressive jusqu’à la fin de l’école obligatoire en permettant aux élèves de préciser peu à peu leurs projets d’études ou de formation professionnelle. Par ailleurs, ces modifications dans l’organisation du cycle d’orientation donneront une nouvelle dynamique dans les choix pédagogiques. Le projet d’EàG prévoit notamment une concertation avec le corps enseignant et les élèves dans le processus de définition des disciplines communes et spécifiques ainsi que dans l’organisation de l’enseignement.

Un investissement aujourd’hui, des économies dans le futur
La mise en place de l’école unifiée aura un coût. Ce projet de loi implique en effet que l’Etat prévoie dans son budget des effectifs d’élèves par classe qui permettent un enseignement plus individualisé ou en groupes (18 élèves maximum en classe principale et 22 élèves en classe d’option), et une formation continue pour le corps enseignant du cycle d’orientation. « Les dépenses engendrées par une telle réforme seront toutefois compensées par un moindre recours au soutien scolaire individualisé et aux classes à très faibles effectifs, ainsi que par une baisse des coûts des aides sociales délivrées aux jeunes adultes sans formation, sur le moyen-long terme », affirme Olivier Baud.

Une logique éprouvée
Certains pays et cantons ont décidé de privilégier un « système intégré » où les élèves sont mélangés. Dans de nombreux pays, cette organisation en école unifiée est même appliquée pendant toute la scolarité obligatoire. « A Genève, la logique unifiée fonctionne très bien entre les degrés 1 à 8 », souligne Claire Martenot. « Elle a aussi apporté satisfaction pendant de nombreuses années dans trois cycles d’orientation (Bois-Caran, Budé et Coudriers). Globalement, la mixité permet aux élèves en difficultés scolaires d’obtenir de meilleurs résultats dans la suite de leur formation. » La différence entre les deux systèmes réside également dans la meilleure estime de ces jeunes pour eux-mêmes ainsi que dans un meilleur climat de travail en classe, qui profite autant aux jeunes en difficulté qu’à leurs enseignant-e-s.